Les océans, l’eldorado économique de demain ?

La Conférence de Caracas (1974-1982), dite « de Montego Bay », mit un terme à ces conflits océaniques en créant quatre zones maritimes : une mer territoriale large de 12 milles (4), une zone contiguë de 12 milles supplémentaires, une ZEE (200 milles) réservée à l’État limitrophe et une extension possible à 350 milles. Ainsi, les États se sont appropriés l’Océan, autrefois vierge. Mais la virtualité de la possession n’en est-elle pas plus patente ? Faute de moyens d’intervention efficace contre toute mainmise illégale, les États ne sont-ils pas aussi démunis que Géronte dans les Fourberies de Scapin ? « Géronte :  — Va-t’en Scapin, va-t’en dire à ce Turc que je vais envoyer la justice après lui. / Scapin : — La justice en pleine mer ? Vous moquez-vous des gens ? (5) »
Sous le triple coup de boutoir de la géophysique, de la technologie et du droit, la conception immuable de l’Océan vole en éclats, tandis que s’effondrent les barrières tangibles qui semblaient – aux yeux des hommes – les conditions de sa stabilité éternelle. Mais le résultat est là : de nouveaux eldorados sont nés, qui attisent l’appétit des États et des institutions.

André Louchet

Professeur émérite de géographie à l’université de Paris-Sorbonne, auteur notamment de La planète océane (Éd. Armand Colin) et de l’Atlas des mers et océans (Éd. Autrement).

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