Les océans, l’eldorado économique de demain ?

L’élargissement de la notion d’eldorado

Aux modes classiques d’enrichissement à partir du milieu marin, comme la pêche, la chasse, l’exploitation minérale, viennent désormais s’ajouter notamment le commerce maritime (dont la conteneurisation a décuplé la progression) et les travaux d’infrastructures nécessaires à l’économie immatérielle (avec par exemple l’extension des fibres optiques par les deux passages du Nord-Ouest et du Nord-Est). Mais l’un des eldorados marins les plus emblématiques actuellement est constitué par les molécules protégées par brevet. En effet, des molécules chimiques récemment découvertes sont issues d’organismes marins qui ont la particularité d’être mous, fragiles ou lents et donc incapables de survivre sans une protection chimique invisible, à l’instar de la trabectédine, molécule issue d’un tunicier (Ecteinascidia turbinata) utilisée dans les traitements anti-tumeurs et qui a reçu une autorisation de mise sur le marché en 2007 (molécule dorénavant synthétisée). La plupart de ces nouvelles molécules sont d’une part d’un très faible rendement (de l’ordre de moins d’un gramme, parfois de quelques milligrammes par tonne dans l’organisme marin) et d’une complexité extrême, ce qui en rend la synthèse souvent très ardue. Outre ces molécules à usage pharmaceutique pour traiter des maladies graves, on peut évoquer l’utilisation massive des algues pour la cosmétique qui en font l’une des richesses les plus prometteuses des fonds marins.

André Louchet

Professeur émérite de géographie à l’université de Paris-Sorbonne, auteur notamment de La planète océane (Éd. Armand Colin) et de l’Atlas des mers et océans (Éd. Autrement).

Ajouter un commentaire