Les océans, l’eldorado économique de demain ?

Géographiquement, deux secteurs recèlent l’essentiel des ressources minérales : les zones d’accrétion de part et d’autre des dorsales, trésor métallique par excellence, et les marges continentales, dont les bassins sédimentaires sous-marins hébergent les précieux hydrocarbures. Il s’agit de deux « provinces » océaniques fondamentalement différentes. Si les premières se situent en général en haute mer et donc en juridiction internationale, les secondes sont le plus souvent incluses dans les ZEE ; d’où des conflits d’intérêt et de délimitation des frontières. L’incompatibilité des deux localisations est flagrante.

Les évents volcaniques des dorsales océaniques, origine de sites métallifères, diffusent des eaux très chargées en sulfures et en oxydes, généralement sous forme de nodules, mais que les techniques actuelles ne permettent pas de récolter de façon rentable par 5000 mètres de fond. Les ressources potentielles sont cependant considérables. Les nodules les plus riches en ferro-manganèse (teneurs jusqu’à 50 %) se trouvent surtout dans le Pacifique nord-équatorial, de la Polynésie à l’Australie et au sud-est de Madagascar. Les nodules riches en plomb, cuivre, uranium, thorium et zirconium sont au large de l’Afrique orientale. En mer Rouge existe un gisement de 20 mètres d’épaisseur et de 50 kilomètres carrés qui contiendrait 3,2 millions de tonnes de zinc, 800 000 tonnes de cuivre, 80 000 tonnes de plomb, 4500 tonnes d’argent et même 45 tonnes d’or… Ce gisement étant à la verticale des ZEE superposables de l’Égypte, du Soudan et de l’Arabie saoudite, on imagine les conflits potentiels qu’il sous-tend.

André Louchet

Professeur émérite de géographie à l’université de Paris-Sorbonne, auteur notamment de La planète océane (Éd. Armand Colin) et de l’Atlas des mers et océans (Éd. Autrement).

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