Les océans, l’eldorado économique de demain ?

Une révolution juridique

La conception « naturelle » de la liberté d’action en mer (Grotius, Mare Liberum, 1609), où la mer est un espace ouvert aux navigateurs de tous les pays, fut remise en question par la conception plus restrictive du droit maritime de l’Anglais John Selden (Mare Clausum, 1635). La première doctrine a écrasé la seconde durant trois siècles. Le chemin, long entre ces deux conceptions, est jalonné d’étapes fort significatives.

Avant 1958, l’océan n’était conçu que dans sa dimension horizontale, se traduisant par une liberté absolue de communication indispensable aux thalassocraties. Le « Droit coutumier de la mer » resta donc inchangé de 1625 à 1958. Après 1958-1960, l’océan acquiert une dimension verticale et donc un volume dans lequel les aliments, l’énergie, les minerais prennent une place essentielle. La liberté d’exploitation des mers est alors sérieusement écornée. Enfin, les mutations s’accélèrent entre 1965 et 1974 par l’élargissement des eaux territoriales. L’océan Mondial est amputé d’une grande partie de sa surface, des détroits stratégiques sont contrôlés par les États riverains et certains pays deviennent incapables de surveiller un domaine immense.

André Louchet

Professeur émérite de géographie à l’université de Paris-Sorbonne, auteur notamment de La planète océane (Éd. Armand Colin) et de l’Atlas des mers et océans (Éd. Autrement).

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