Les océans, l’eldorado économique de demain ?

Enfin, les frontières maritimes instituées par la convention de Montego Bay ont créé un eldorado pour les activités illégales. Comme le note Cyrille P. Coutansais (6), l’adage « Les contrebandiers ont besoin de frontières » est plus que jamais pertinent. Établir des frontières maritimes revient à engendrer la contrebande et est donc un moyen de créer des richesses parallèles. De même qu’Al Capone affirmait sans rire que l’industrie du crime dopait l’économie américaine, le rôle économique de la piraterie contemporaine est mis au jour par certaines situations. Parfois, les pirates ne font que profiter des opportunités offertes par le nouveau droit de la mer. Attaquer un bâtiment à la limite des eaux internationales, puis se réfugier dans les eaux territoriales d’un État en faillite devient une pratique courante dans les zones sensibles comme le golfe de Guinée ou le détroit de Malacca. Mais d’autres motivations peuvent s’y ajouter : ainsi, le long de l’upwelling de Somalie, secteur très poissonneux et illégalement pillé par des flottes étrangères, une des missions avouées des pirates serait d’assurer la sécurité et les revenus de leurs nationaux. La flibuste serait-elle la réponse la plus appropriée à la création d’eldorados de demain ?

André Louchet

Professeur émérite de géographie à l’université de Paris-Sorbonne, auteur notamment de La planète océane (Éd. Armand Colin) et de l’Atlas des mers et océans (Éd. Autrement).

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